Mopa repeint ton salon

La vidéo de la semaine : «Ahenobarbus» de Mopa Article écrit par Ultra Skimming Touraine - Le 30 01 2015 à 07:01

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Une fois n’est pas coutume, le clip de la semaine n’est pas un clip, mais une vidéo. Il arrive parfois qu’une vidéo vaut bien mieux qu’un clip, surtout quand elle est la merveilleuse introduction au monde fascinant d’un tout nouveau groupe.


Ancien élève de Jazz à Tours, section MAA (Musiques Actuelles et Amplifiées), le guitariste et compositeur Valentin Pedler emmène ses compères explorer des contrées sauvages, plaines, forêts, torrents, rochers abrupts se succédant sans coup férir pendant plus de 7 minutes sans escale ni pause pipi.


Vraisemblablement tournée «chez Matthieu» à Blois, cette vidéo sobre qui se balade entre les musiciens dans la pénombre est peut-être l’écrin idéal à cette écriture très narrative qui se passe de tout commentaire et, donc, de toute image forcément superflue : tout est conçu pour que les images apparaissent d’elles-mêmes, dans l’imaginaire de chacun.

Tout démarre dans la tension, avec une voix féminine qui évoque vaguement Björk, Sneaker Pimps ou Mulu, soutenue par cette guitare magique qui mènera de bout en bout ce morceau (et nos oreilles) par le bout du nez.


Après avoir tenté de classer un peu vite Mopa sous l’étiquette fourre-tout de progrock, force est de constater après plusieurs écoutes de la chose qu’on se balade vraiment dans plusieurs styles. Ainsi, les passages de flûte, subtilement soutenus par un vibraphone, nous ramènent dans les temps morts ou des moments d’insouciance entre deux rebondissements, d’épisodes oubliés de séries anglaises des années 60, genre The Avengers ou The Prisoner ou plus récemment dans la langueur mélancolique de certaines BO de Philippe Sarde.


Certaines parties de guitare oscillent entre Vini Reilly, une touche de bossa et un soupçon de jazz rock, le tout régulièrement perverti par un peu de distorsion et une montée en puissance de la batterie.


Jouant sur les contrastes, la déconstruction et les motifs répétitifs la musique de Mopa sait à peu près tout faire (la fugue de la 6ème minute est une pure merveille) et non seulement on envie les spectateurs présents ce soir-là, mais on a en plus une furieuse envie d’entendre le reste de ce précieux et très élaboré antidote à la barbarie ambiante.





Mopa et son Space Opera à Blois



Revenus d'expédition en pays Blaisois, fiers d'une première expérimentation du dispositif musical

cosmique créé par MOPA, plions-nous avec plaisir à l'exercice du procès verbal.

 

MOPA est un projet, un groupe, un acte fondateur, et une histoire.

 

Description générale à fins d'identification

Valentin Pedler trouve en 2013 les échos littéraires de ses aspirations musicales dans la science-fiction épique de Dan Simmons. Les Cantos d'Hypérion soulignent la poésie des destins croisés, sécants dans la lutte contre un ennemi commun. MOPA est-il politique ?

 

Motivations connues

 « MOPA » est le fruit de ces hybridations rationnelles, un espace vivant et

mobile, un guet-apens qui se donne pour vocation d'émanciper ses membres et son public en

invitant à la contemplation chaleureuse d'un voyage aussi tendre que douloureux.

 

Mode d'opération

A l'image du dramaturge et du metteur en scène, Valentin écrit les rôles et organise la rébellion.

Il a su trouver, parmi ses compagnons de route, les vigueurs et les tendresses qui pointaient dans la

même direction, et les a réunies au sein d'un projet qui laisse leur place à tous les ingrédients de la

créativité. Musique, illustration, écriture, technique, MOPA s'approprie les espaces et les talents qui

lui sont confiés le temps d'une représentation. Le dynamisme précoce dégagé par le spectacle ainsi

offert interdit de qualifier la prestation de scénique : MOPA aime à percer ces frontières.

 

Complices connus

Nicolas Bayeux (basse), Alix Beucher (guitare, flûte traversière), Pierre Bontemps (batterie),

Clémentine Bouin (vibraphone) et Valentin Pedler (guitare, machines) et Nina Fourton (chant) forment

le premier cercle de MOPA. De cette union débute l'exploration d'un monde musical et l'écriture

d'un space opera.

 

Un space opéra, une histoire

A l'image d'un roman dystopique, les membres d'équipage sont privés de leur liberté de mouvement.

Appesantis par la contrainte des corps perdus dans un océan de stimulations microscopiques, ils

récoltent et se partagent les morceaux d'imagination glanés au fil des répétitions. En amalgamant

ces fruits, ils tentent de distiller la solution qui leur ouvrira à la fois les portes de leur propre

conscience et les cœurs de leur public, parmi lesquels des êtres sensibles et semblables qui se

joignent à leur aventure.

De ce fait, MOPA multiplie les invitations, et collabore avec des personnalités multiples : musiciens

chanteurs et plasticiens, tel Lohengrin qui signe le remarquable visuel insulaire et isthmique dont la

topographie tortueuse résume le chaos maîtrisé dans lequel évoluent les artistes participant.

Envoûtant et surprenant, MOPA est une aventure pluridisciplinaire et multi-sensorielle qui aime

occuper l'espace en l'exploitant prudemment mais sans limite. A les écouter et à les suivre, on ne

risque que de perdre la crainte de ses propres faiblesses.

 

Solveig Lacrosse